Jonas Van de velde a 32 ans et travaille comme instructeur canin pour Vrienden der Blinden (les Amis des aveugle), une organisation à but non lucratif qui éduque des chiens guides pour les aveugles. Nous lui parlons de sa passion, le dressage de ces chiens guides.

Nous sommes une organisation à but non lucratif située à Coxyde, qui se consacre à l’intégration et à la formation de chiens-guides pour les aveugles. Nous nous concentrons spécifiquement sur les demandes émanant de personnes aveugles et malvoyantes néerlandophones. Nous disposons également d’un service social qui accompagne les personnes dans leur demandes d’aides visuelles. Ce service offre un soutien général et veille à ce que les clients soient pleinement intégrés dans notre société. Nous avons également un site à Mons : Les Amis des Aveugles. Ils disposent d’un service social, d’un centre d’éducation de chiens guides d’aveugles, d’une maison de repos, d’un centre de rééducation pour malvoyants et d’une entreprise de personnalisation.

Aujourd’hui, nous travaillons presque exclusivement avec des Labradors. Il y a encore quelques Golden Retrievers et 2 Bergers allemands, mais les nouveaux chiots sont toujours des Labradors.

Notre formation commence avec un chiot de 8 semaines. Il existe à Wichelen une organisation appelée ‘Purpose Dogs’, qui élève des chiens d’assistance, y compris des chiens-guides pour aveugles. Elle sélectionne les chiots et les affecte à différents centres. Grâce à notre propre élevage, nous pouvons également sélectionner nos chiots sur la base de certains tests permettant d’évaluer des traits de caractère spécifiques.

Nous les plaçons dans un environnement inconnu avec des personnes inconnues. Nous observons s’ils explorent les environs immédiatement ou s’ils préfèrent se cacher dans un coin. Nous préférons un chiot curieux qui explore son environnement. Nous tenons également compte de sa réaction à l’égard des gens. Est-il immédiatement amical envers les gens ou plutôt craintif ? Ce n’est pas une garantie, mais c’est un bon début. Il peut encore se passer beaucoup de choses au cours des premiers mois de la vie, qui peuvent entraver une éducation réussie.

Après la sélection, ils sont placés dans un foyer d’accueil où ils restent pendant environ un an, jusqu’à l’âge de 14 mois. Ils y apprennent les bases : assis, couché, debout,… Le plus important est que le chien soit bien socialisé dans la famille où il est placé et qu’il puisse ignorer différentes situations. Il ne peut pas être provoqué par d’autres chiens, des chats ou des voitures. C’est une grande responsabilité pour une telle famille. Ils sont donc suivis mensuellement par les instructeurs de notre organisation. Au début, ce suivi était même hebdomadaire. Il n’y a pas de recette miracle pour élever un chien, c’est pourquoi nous donnons des conseils sur mesure.

Nous commençons par des tâches simples. Dans un monde idéal, nous pourrions commencer tout de suite. Dans la pratique, nous devons d’abord traiter quelques points de travail. Les premières semaines, nous restons principalement au centre pour leur apprendre de petites tâches, puis nous sortons davantage dans la rue, car ils doivent y fonctionner.

Ici, à Coxyde, Sint-Idesbald, il y a une rue droite avec quelques rues secondaires. C’est là que nous leur apprenons les bases d’un itinéraire : comment s’arrêter à un trottoir, éviter des obstacles, … Le dernier itinéraire, le plus difficile, se situe dans l’animation de la ville, où ils apprennent à naviguer au coeur de l’agitation urbaine.

Pendant la formation, ils sont jumelés à un propriétaire. Après 3 à 4 mois de formation, nous essayons de sélectionner un maître aveugle ou malvoyant qui correspond à la personnalité du chien. Pour trouver l’accord parfait, nous appelons la personne et faisons ensemble une petite promenade que nous évaluons. Si tout se passe bien, la personne peut garder le chien avec elle pendant un week-end. Ils peuvent ainsi apprendre à se connaître et à se familiariser avec la nouvelle situation. Plus le lien est fort, mieux le chien fonctionnera.

Un mois avant le déménagement du chien, le nouveau propriétaire participe à un pré-stage de 3 jours au centre. Nous donnons une formation de base, des conseils sur le travail avec le chien et l’utilisation de l’attelle. Il y a ensuite des points à améliorer et, un mois plus tard, le stage final a lieu. Le client vient alors dans notre centre pendant une semaine pour la formation et la supervision.

Après un total de 8 mois, le chien est remis à son propriétaire, et nous commençons alors à apprendre ensemble les itinéraires personnels du propriétaire. Il est essentiel que ces personnes apprennent à bien connaître le chien et à lui faire confiance, car il existe des différences entre la marche avec une canne blanche et la marche avec un chien. Au début, nous sommes toujours présent. Après avoir enseigné environ trois itinéraires, le suivi est progressivement supprimé. À la fin de ce parcours d’apprentissage, nous venons environ une fois par an, sauf imprévus. Les propriétaires ont eux-mêmes des profils variés et des ambitions différentes. Certains nous demandent de l’aide pour un nouveau parcours, tandis que d’autres comptent sur le soutien de leur entourage.

Ce n’est certainement pas une aide accessible à tous. En tout cas, il faut être un amoureux des chiens. Un chien n’est pas une canne blanche que l’on plie et que l’on range dans l’armoire. Il est aussi important que le chien ait d’autres activités que le travail d’assistance. Nous sommes devenus un peu plus stricts à cet égard. La détente du chien est essentielle.

Ce n’est pas non plus une solution idéale pour les personnes souffrant de troubles de l’équilibre, car le chien vous dirige. Ce n’est pas un robot et vous devez être prêt à vous abandonner complètement à lui. Il commet parfois des erreurs et vous devez être en mesure de les accepter. Vous devez aussi être en mesure d’effectuer vous-même certains apprentissages avec le chien. Nous donnons de nombreux conseils à ce sujet lors de nos visites.

En général, nos services sociaux nous envoient les personnes intéressées, puis nous organisons une visite à domicile. Parfois, il s’agit simplement d’une visite informative parce que la personne ne connaît pas encore notre fonctionnement. D’autres sont totalement convaincus et déposent immédiatement leur demande. Actuellement, nous avons environ 60 chiens actifs.

Les chiens d’assistance doivent aller à la retraite l’année de leurs 10 ans. Nous ne voulons pas qu’ils soient épuisés avant cette période. Toutefois, les propriétaires peuvent déjà faire la demande pour un nouveau chien après 7 ans.

Une période de candidature complète dure plus de trois ans, en fonction du profil de la personne et du chien. Nous personnalisons vraiment le jumellage. Nous avons une liste d’attente par ordre chronologique, mais nous examinons si les personnalités du chien et du maitre correspondent. Par exemple, nous ne voulons pas jumeler un chien au caractère bien trempé à une femme tranquille ou à un homme âgé et fragile.

Après l’âge de la retraite, deux possibilités s’offrent à eux. Soit ils restent avec leur propriétaire, soit ils sont proposés à l’adoption. Souvent, ils sont adoptés par un proche du client, ou ils sont confiés à quelqu’un sur base d’uune liste de personnes intéressées que nous tenons ici.

Je suis moi-même instructeur et j’entraîne des chiens. On vous attribue ensuite des chiens à éduquer en tant que chiens-guides dans un délai de 8 mois. Pour l’instant, aucun chien ne m’a été attribué, mais je m’engage à me rendre chez les gens pour les guider. Je leur enseigne de nouvelles techniques, etc.

Je suis également chargée d’évaluer les nouvelles demandes. Mon rôle consiste à rendre visite aux personnes à leur domicile afin d’évaluer leur situation de vie et d’assurer la bonne adéquation entre la personne et le chien. Je donne également des conseils aux nouveaux collègues instructeurs.

Ce travail est une opportunité fantastique pour moi, car je suis passionné par les chiens. Chaque chien et chaque personne sont uniques et c’est vraiment merveilleux de voir comment ils interagissent. Cette semaine, nous avons livré deux chiens et j’en ai encore des frissons après toutes ces années.

Nous avons la capacité d’élargir le monde pour certaines personnes. Une fois qu’elles font confiance au chien, elles sortent beaucoup plus souvent. Cela réduit l’isolement et fait une grande différence. Nous entretenons une forte relation avec ces personnes-là et nous avons avec eux une relation de confiance. Nous les soutenons pendant une période de 10 ans et tout le monde dans l’organisation connaît nos clients.

Notre centre est situé entre Coxyde et Oostduinkerke et il est possible de le visiter. Cependant, avant votre visite, il faut faire une réservation et constituer un groupe d’au moins 15 personnes. Des particuliers peuvent parfois se joindre à un groupe déjà constitué. Sachez qu’il n’est pas possible de frapper à notre porte pour une visite improvisée.

Entre l’étape du chiot à celle du chien dressé, il en coûte 43 500 euros. Les propriétaires ne doivent rien payer. Ce qui change maintenant, c’est que les frais vétérinaires de base et la nourriture sont à la charge du client. Nous pouvons aider à couvrir certaines dépenses extrêmes, mais nous attendons des clients qu’ils couvrent les “dépenses ordinaires”.

En Flandre, la VAPH subventionne environ 13 000 euros par chien livré. En Wallonie, l’AViQ et son homologue bruxellois, la COCOF, accordent une intervention financière à l’écolage de ces chiens guides. L’autre partie doit être collectée par le biais de parrainages, de subventions ou via des collectes de capsules de bouteilles. Nous collectons les bouchons et les vendons à une entreprise de recyclage qui les transforme en nouvelles matières premières. Tous les types de bouchons en plastique sont acceptés : bouchons de pot de choco, de produits de nettoyage, de bouteilles de boissons,… Vous pouvez les déposer dans un point de collecte, situé dans votre commune par exemple, ou directement au centre.

La majeure partie des fonds est collectée par le biais de parrainages. Par exemple, nous avons deux nouvelles aires de jeux pour les chiens, qui sont entièrement sponsorisées. Nos projets cibles sont présentés aux organisations ou aux entreprises qui s’y intéressent.

Les personnes qui souhaitent parrainer un projet peuvent toujours contacter la collègue Ann Derycke (Fondsenwerving Vlaanderen) via a.derycke@vriendenderblinden.org ou via le numéro suivant +32 58 53 33 05. Toutes les informations sont disponibles ici : https://www.vriendenderblinden.be/steun-ons/.

Si vous voulez faire un don pour l’association les Amis des aveugles, basée à Mons, vous trouverez toutes les infos ici : https://jesoutiens.amisdesaveugles.org/dons/

Nous tenons à remercier Jonas pour cet exposé passionnant et nous lui souhaitons, ainsi qu’aux chiens, beaucoup de succès.