Harry, archiviste et accordeur de piano aveugle
Nous avons eu une conversation passionnante avec Harry Viaene. Cet accordeur de piano de 45 ans vit près de Malines et est né aveugle en raison d’une maladie héréditaire. Il a grandi à Tielt, en Flandre occidentale, et a passé une partie de son enfance à l’école Spermalie de Bruges. Ensuite, il a suivi des cours dans l’enseignement ordinaire au collège de Tielt. Après, il a étudié la musicologie à Louvain pendant 4 ans, là-bas il a aussi rencontré sa femme. Ils ont décidé de rester dans la région et se sont installés à Muizen, près de Malines. Cette ville est très centrale et permet d’accéder aux grandes villes via les transports en commun, ce qui augmente les chances de trouver un emploi en tant que personne aveugle.
Écoutez la version audio de son histoire ci-dessous.
Photo : Knack - Tine Hens
Un bon souvenir de Spermalie
Harry se souvient de son enfance à Spermalie comme d’une période très agréable où beaucoup de choses étaient possibles et où il y avait peu de règles. Après l’école, par exemple, il jouait souvent sur des bicyclettes et des karts avec les autres élèves. À partir de la quatrième année secondaire, il poursuit sa scolarité dans une école ordinaire à Tielt, au collège Sint-Jozef. Là-bas, il a été bien soutenu par les enseignants et la tutrice d’intégration scolaire, Rita Patteeuw. Il a vite remarqué que faire de son mieux était apprécié et permettait de recevoir beaucoup en retour.
C’est à cette époque que Sensotec a introduit le Braille Scope, un appareil de prise de note braille, qui a fait une grande différence dans sa vie. Harry est devenu un utilisateur convaincu du Braillescope et a utilisé l’Euroscope à l’université. Il est donc client Sensotec depuis la première heure!
Les années rock and roll
Harry travaille comme archiviste à la VRT, mais il exerce également une activité secondaire indépendante en tant qu’accordeur de pianos. Il répare des pianos et cherche également des pianos d’occasion à réparer et à vendre. Sa passion pour le piano a commencé lorsqu’il était encore à Spermalie car ce bâtiment était rempli de pianos. Harry a vite remarqué quels instruments sonnaient juste et ceux qui sonnaient faux. Il a commencé à accorder les pianos vers l’âge de 10 ans et a appris en autodidacte tout ce qu’il sait faire aujourd’hui. Plus tard, il a aussi suivi une formation d’accordeur de pianos chez Syntra. Outre le piano, Harry joue également de la clarinette.
Vers l’âge de vingt ans, il a commencé à jouer dans le groupe “Buurman”. Ce qui avait commencé comme une blague d’étudiants est devenu un groupe professionnel avec lequel il a fait des tournées dans toute la Flandre. Une époque pleine de rock & roll, mais par manque de temps et en raison d’autres priorités, comme ses deux filles, Harry a fait un trait sur ces années un peu “sauvages”.
L’importance du braille
Le braille est toujours important pour Harry, il l’utilise quotidiennement dans son travail d’archiviste à la VRT. En outre, il possède une barrette braille Papenmeier qui l’aide à naviguer dans le système d’archivage de la VRT. Grâce à une collaboration entre John, un collègue de Sensotec, et un employé du service informatique de la VRT, il a trouvé comment rendre la base de données de la VRT accessible au programme informatique JAWS et à sa barrette braille. Ces deux solutions lui sont familières et lui permette d’avoir accès à la base de données sans problème, avec tous ses champs de saisie et ses menus déroulants.
Il recommande l’apprentissage du braille aux jeunes malvoyants, malgré les possibilités en assistance vocale. Selon lui, le braille offre beaucoup plus d’opportunités pour un emploi administratif comme le sien, par exemple.
Photo : David Legreve
Photo : Mats Takacs
Plus de liberté grâce aux aides visuelles
Harry utilise principalement son smartphone et sa barette braille pour se repérer au quotidien. Il utilise des applications ordinaires pour les opérations bancaires, l’envoi d’email et de messages, mais il utilise aussi des applications pour l’aider à accorder des pianos et à voyager avec en bus et en train. Il utilise toujours sa canne blanche et a un chien guide, prénommé Scott, qui l’aide à s’orienter dans la ville.
Scott est son acolyte depuis 3 ans lorsqu’il se promène dans une réserve naturelle pour repérer les oiseaux, entre autres, au printemps. Ensemble, ils se lèvent avant l’aube pour explorer la nature et reconnaître les oiseaux à l’écoute. Il explique que cela est possible grâce à ses excellentes capacités d’orientation et à la confiance qu’il accorde à Scott. En cas d’urgence, Google Maps ou un promeneur amical peuvent l’aider.
En outre, Harry chante en tant que ténor dans un projet chorale, le CCF (Chamber Choir Flanders) à Malines. Il répète les morceaux de manière auditive et se produit régulièrement sur scène avec ses camarades de chœur.
Positivité et bons conseils
Harry accepte généralement ses limites et voit toujours le côté positif des choses. Si nous lui demandons ce qui le frustre parfois, c’est l’aménagement du domaine public et l’accessibilité des transports en commun. Ces deux éléments lui permettent de se déplacer de manière autonome, ce qu’il considère être très important, mais ils ne sont pas souvent adaptés ou susceptibles d’être modifiés.
Aux personnes voyantes, Harry conseille d’agir le plus normalement possible avec les personnes malvoyantes ou aveugles et de ne jamais faire de suppositions sur leur handicap. Si vous voulez aider, demandez-le. Si une personne aveugle ou malvoyante a besoin d’aide, elle la demandera certainement et si ce n’est pas le cas, c’est le signe qu’elle peut passer à autre chose. Il est toujours possible de demander si la personne a besoin d’aide, mais il ne faut pas s’emparer de quelqu’un sans l’en avertir, car c’est une attitude très maladroite.
Photo : Knack - Tine Hens
Aux personnes qui deviennent malvoyantes ou aveugles à un âge avancé, Harry conseille d’utiliser la canne blanche très rapidement. Il comprend qu’il y ait une stigmatisation autour de cela, mais il témoigne également que grâce à la canne blanche, vous êtes traité de manière beaucoup plus appropriée. Les gens vous aident plus facilement et cela vous donne aussi assez de confiance en vous pour marcher dans les rues de manière indépendante.
À ses semblables, Harry conseille de voir le côté positif dans chaque situation et de toujours chercher à relever des défis dans la vie. « Toujours voir le bon côté des choses” est une devise dont Harry s’est manifestement imprégné.
Nous tenons à remercier Harry pour cette belle et franche conversation et lui souhaitons beaucoup de succès dans tout ce qu’il entreprend.
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